Tuesday, June 22, 2004

...Puis arriva le troisième siège de la ville dont il portait le nom. En 860, pendant que les Slaves assailaient Constantinople, Constantin, dans L'Olympe de l'Asie Mineure, leur prépara un piège. Dans le silence de sa cellule monacale, il créa les premières lettres de leur alphabet. Tout d'abord, il inventa des lettres arrondies, mais la langue slave était si sauvage que l'encre ne put la retenir, et il fit un autre alphabet aux lettres grillagées, enfermant ainsi comme un oiseau cette langue insoumise. Plus tard, lorsqu'elle fut apprivoisée et initiée au grec (car les langues apprennent d'autres langues), la langue slave put être emprisonné dans les premières lettres, glagolitiques...

Daubmannus relate une histoire sur la création de l'alphabet slave. La langue des barbares ne se laissait pas apprivoiser. Pendant un bref automne de trois semaines, les frères étaient assis dans leur cellule, essayant en van de tracer les lettres qu'on nommera plus tard cyrilliques. Le travail s'annonçait difficile. De leur cellule on voyait bien la mi-octobre, et son silence long comme une heure de marche et large comme deux heures. Alors, Méthode attira l'attention de son frère sur les quatre cruches qui se trouvaient sur l'appui de la fenêtre, dehors, de la'autre côté des barreaux.
-Si ta porte est fermé à clef, comment feras-tu pour prendre une de ces cruches? demanda-t-il.
Constantin cassa l'une d'elles puis la fit passer morceau par morceau à travers la grille et recolla le tout avec un mélange de salive et de terre glaise prise sous ses pieds.

C'est ainsee qu'ils procédèrent avec la langue slave, ils la brisèrent en morceaux, la firent entrer dans leurs bouches à travers les barreaux des lettres cyrilliques et recollèrent les fragments avec leur salive et la terre grecque prise sous leurs pieds...


CYRILLE, du livre Rouge du Dictionnaire Khazar
-Milorad Pavic (traduit au français par Maria Bezanovska)

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